Monotypes
Matières et Lumière
Matières des premières recherches : matières minérales, végétales, organiques ; traces imprimées d’un monde vivant.
Lumière des premières peintures : lumière « céleste » des montagnes du Huang Shan, lumière intérieure, lumière de vie de la série « Intimité » ; ode au corps de la femme et à la maternité.
Et soudainement, l’encre noire, épaisse, étalée sur une vitre. Une obsession : l’effacer pour se maintenir debout quel que soit les aléas de la vie, l’effacer pour aller vers la lumière.
Depuis 2017, j’efface l’encre, j’imprime, je reprends, je retouche, je transforme, je me transforme.
Je me ressource dans la forêt, je me perds dans l’estampe, je laisse apparaître la femme : femme en germination, femme qui grandit, qui prend sa place, femme qui existe dans la lumière.
Femme qui retrouve sa force à l’image de la nature, qui repousse sur des sols dévastés quel que soient les accidents et les souffrances.
J’aime le monotype pour les matières involontaires qu’il révèle et le nouveau regard que l’impression permet.
J’aime le monotype pour le dynamisme de la trace imprimée, trace du mouvement en mouvement, trace vivante.
J’aime le monotype pour les contrastes créés : encre noire / lumière blanche. Enlever l’encre n’est pas créer du vide, c’est dévoiler la lumière.
Intemporalité du noir et blanc qui laisse place à la contemplation.
Chacun est libre de transposer son propre regard, son propre parcours, d’accepter de se perdre, d’accueillir ses zones d’ombres pour faire jaillir sa lumière.
Les « femmes forêt » illustrent ma résilience personnelle et évoquent l’espoir de vie de l’humanité. Humanité moderne qui doit renaître et fonder sa société sur le vivant.
« L’estampe possède en soi un caractère énigmatique qui tient à sa puissance d’abstraction.
Elle ne lutte pas d’émulation avec la vie. Elle la transpose dans un registre à deux notes dont les accords sont plus impérieux que les vastes ressources de la gamme colorée. Force concentrée, elle agit en profondeur. (…) Perpétuel contraste de la nuit et du jour, tirant de ce contraste même tout ascendant sur nous, elle donne à l’ombre une transparence presque sonore, à la lumière un éclat plus étrange que la lumière terrestre. (…) Non seulement elle est faite pour glorifier l’individualité de l’artiste, mais il est impossible à l’artiste de ne pas inscrire sur la planche son individualité la plus intime. »
Charles Beaudelaire